F.2. Éphèse (1e partie)
Évangélisation d’Éphèse
Après avoir traversé les hauts plateaux, Paul arrive par la vallée du Méandre dans la grande cité d’Éphèse.
Il n’arrive pas en terrain complètement inconnu, puisqu’il est déjà entré dans la synagogue pour parler avec les Juifs, lors de son récent voyage de Corinthe à Antioche de Syrie (cf. D.8. Corinthe (2e partie) et Ac 18,19-20). Et puis, à l’époque, il avait laissé là ses amis Priscille et Aquilas, qu’il retrouve avec joie. C’est sans doute par eux qu’il apprend l’histoire d’Apollos (voir épisodes précédents).
St Luc nous rapporte plusieurs épisodes du séjour de Paul à Éphèse.
Le premier épisode est la rencontre de Paul avec « une douzaine » de « disciples ». Ils avaient « embrassé la foi » après avoir reçu le baptême de Jean-Baptiste, et connaissaient le nom de Jésus, mais sans avoir « reçu le Saint Esprit » (cf. Ac 19,1-7). On est étonné de cette situation. Étaient-ils des disciples de Jean-Baptiste, partis de Judée après la mort de leur maître ? Ou bien ont-ils été convertis par des disciples du Précurseur de Jésus ? Cela montre en tout cas combien le rayonnement de Jean-Baptiste était grand, bien au-delà des frontières de Judée. Après les avoir enseignés, Paul baptise ces douze hommes au nom du Seigneur Jésus, leur impose les mains, et le Saint Esprit vient sur eux : ces « chrétiens embryonnaires » sont pleinement évangélisés par ceux qui ont rencontré le Christ, les chrétiens de la Pentecôte, dont Paul fait partie.
Ensuite, durant 3 mois, Paul fréquente la synagogue, discutant avec les Juifs d’Éphèse.
Au bout de ce temps, l’opposition se durcit, alors Paul prend avec lui « les disciples » (les chrétiens existant avant son arrivée et les « douze » convertis depuis son arrivée), et s’installe dans l’école de Tyrannos. On peut supposer que Paul loue ce local qui servait de salle de classe. On peut aussi penser que Tyrannos était un de ses disciples, un des premiers chrétiens d’Éphèse. La version occidentale du texte des Actes dit que Paul rassemblait les disciples « de la 5e à la 10e heure » (de 11h à 16h), c’est à dire pendant les heures chaudes, durant lesquelles s’arrêtait toute l’activité de la ville.
« Cela dura 2 ans, de sorte que tous les habitants de l’Asie, Juifs et Grecs, entendirent la parole du Seigneur » (Ac 19,10). Ce verset laisse entendre que Paul et ses disciples ont rayonné dans toute la région. Ceci semble confirmé par une salutation extraite de la première lettre aux Corinthiens, écrite d’Éphèse : « Les Églises d’Asie vous saluent. » (1 Co 16,19) Nous avions déjà vu que Laodicée, Hiérapolis et Colosses font partie de cette région d’Asie. Ces villes ont sans doute été évangélisées par un collaborateur de Paul : Épaphras.
Luc nous rapporte aussi que « cela » dura 2 ans. « Cela » ne semble pas désigner l’intégralité du séjour de Paul puisque, plus tard, en repartant vers Jérusalem, Paul parlera aux « anciens » d’Éphèse, et évoquera un séjour de 3 ans dans la ville (Ac 20,31).
La présence de Paul ne passe pas inaperçue. Car « Dieu opérait par les mains de Paul des miracles peu banals, à tel point qu’il suffisait d’appliquer sur les malades des mouchoirs ou des linges qui avaient touché son corps : alors les maladies les quittaient et les esprits mauvais s’en allaient. » (Ac 19,11-12)
Deux autres anecdotes nous sont encore rapportées par Luc. La première décrit la mésaventure d’exorcistes juifs ambulants qui, voyant la puissance à l’œuvre en Paul s’essaient à exorciser au nom du « Jésus que Paul proclame », et se retrouvent malmenés par les esprits mauvais. (Ac 19,13-17)
La deuxième anecdote raconte qu’en conséquence de la première, beaucoup de personnes s’adonnant à la magie décident de brûler leurs livres, ceux-ci représentant une somme de 50.000 pièces d’argent (Ac 19,18-19).
Il est évident que ces anecdotes ne sont que quelques exemples, parmi beaucoup d’autres, d’un séjour qui a marqué l’implantation durable d’une forte communauté chrétienne à Éphèse.
Paul, ayant le projet de rendre visite aux communautés fondées lors du précédent voyage, à Philippes, Thessalonique, Bérée et Corinthe, il envoie alors ses collaborateurs Timothée et Éraste en Macédoine.
Sur les pas de Paul
La « porte de Magnésie »
Agora et Odéon
Les bains de Varius
L'aqueduc
Le temple de Domitien
La rue des Curetes
La Fontaine de Trajan
Le temple d’Hadrien
La bibliothèque de Celsus
La bibliothèque de Celsus
La porte de Mazeus et Mithridates
L’Agora commerciale
Le grand théâtre
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La « porte de Magnésie »
Paul est arrivé à Éphèse par la vallée du Méandre, à l’est de la ville. La route qu’il a suivie aboutit donc logiquement à la « porte de Magnésie », du nom d’une des villes de cette vallée. -
Agora et Odéon
On arrive ensuite à l’Agora d’État, au centre de laquelle se trouvait un temple dédié à Isis. Ce temple témoigne de la présence ancienne et importante d’une population égyptienne. Sur le bord de l’Agora se trouve l’Odéon, daté du 2e siècle. Ce petit théâtre, d’une capacité de 1500 personnes servait d’abord pour les réunions du Sénat, puis pour toutes sortes de manifestations. -
Les bains de Varius
Autour de l’Agora se trouvent aussi les bains de Varius, bâtis pendant la période grecque, puis agrandis au 2e siècle par les Romains. -
Le temple de Domitien
Toujours sur le bord de l’Agora d’État se trouve le temple de Domitien. -
La rue des Curetes
Dans le coin nord-ouest de l’Agora, une rue admirablement conservée permet de descendre entre les deux versants des collines. C’est la rue des Curetes (les prêtres qui prenaient soin de la flamme sacrée). Elle est bordée de magasins. -
La Fontaine de Trajan
Au bord de cette rue, la Fontaine de Trajan, construite par l’empereur du même nom au 2e siècle. -
Le temple d’Hadrien
Tout près de la fontaine de Trajan, le temple d’Hadrien, construit au 2e siècle, reconstruit au 4e siècle. -
La bibliothèque de Celsus
Le bas de la rue des Curetes nous amène au plus beau monument conservé à Éphèse, la bibliothèque de Celsus. -
La bibliothèque de Celsus
Cette bibliothèque fut construite au début du 2e siècle par Galius Julius Aquila en l’honneur de son père Gaius Julius Celsus Polemaeanus, le gouverneur de la province d’Asie. Ce bâtiment était d’abord le tombeau monumental de Celsus. Sa tombe se trouvait sous le rez-de-chaussée, à travers l’entrée, en dessous d’une statue d’Athéna, déesse de la sagesse. En ce lieu ont été rassemblés plus de 12.000 manuscrits, ce qui en faisait la troisième plus riche bibliothèque dans l’Antiquité après Alexandrie et Pergame. Les rouleaux étaient conservés dans des armoires, dans les niches des murs. Les murs étaient doubles pour protéger les livres de la température et de l’humidité. -
La porte de Mazeus et Mithridates
Immédiatement à droite de la bibliothèque de Celsus se trouve la porte de Mazeus et Mithridates. Ces deux esclaves de l’empereur Auguste furent libérés pour ce travail réalisé en 40 de notre ère, à peine quelques années avant l’arrivée de Paul. Il est donc tout à fait probable que l’Apôtre soit passé de nombreuses fois sous ces arches qui donnaient sur l’Agora commerciale, puis le grand théâtre et, plus loin, le port. Les photos nous montrent la porte, d'un côté et de l’autre. -
Le grand théâtre
Tout proche de l’Agora commerciale se trouve le grand théâtre. Bâti dans le flan de la colline pendant la période grecque, il a été élargi sous l’empereur Claude (41-54), c’est-à-dire à peu près lorsque Paul était dans la ville. Il pouvait contenir plus de 24.000 personnes. C’est le plus grand théâtre de plein air du monde antique. Sous la période romaine, la scène pouvait servir aussi pour des combats de gladiateurs.
On trouvera ci-dessous une modélisation 3D de ce magnifique théâtre.
L’avenue Arcadiana
Dans le port ...
Les latrines publiques
La Via Sacra
Maisons d'Ephèse
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L’avenue Arcadiana
En face du Théâtre, en direction du port, se trouve l’avenue Arcadiana, du nom de l’empereur Arcadius (395-408 ap. JC) qui l’a rebâtie telle qu’on peut la voir aujourd’hui. Cette avenue, large de 11 m, longue de 500 m, était connue pour être éclairée par 100 lampes, ce qui faisait d’Éphèse l’une des premières cités au monde à être éclairée de nuit (avec Rome et Antioche). L’avenue possédait deux portes monumentales, à chaque extrémité. -
Dans le port ...
... imaginons un instant un des navires, à partir de cette reconstitution se trouvant près du rivage actuel de la mer. -
Les latrines publiques
Revenons au centre-ville. Comme en toutes les cités, on trouve les latrines publiques, lieu où l’on aime prendre son temps pour parler des affaires, de tout et de rien. -
La Via Sacra
Empruntons la Via Sacra, rue pavée de marbre qui conduit de la bibliothèque de Celsus au Théâtre. Cette voie se poursuivait jusqu’au temple d’Artémis. Elle date du 1e siècle, restaurée au 5e siècle.
On trouvera d’autres photos d’Éphèse sur les sites suivants :
F. 3e voyage missionnaire
Éphèse et le temple d’Artémis
Au temps de Paul, la ville d’Éphèse est l’une des grandes villes de l’empire, avec environ 100.000 habitants. Le monument faisant la fierté de la ville, classé au nombre des sept merveilles du monde antique, est l’ « Artemision », le colossal temple d’Artémis : 138 m de long, 72 m de large, et 127 colonnes, hautes chacune de 30 m. Le tout construit entièrement en marbre (à l’exception de la charpente). À titre de comparaison, le Parthénon d’Athènes est long de 70 m, large de 30 m, avec 58 colonnes.
Le culte d’Artémis est l’une des sources importantes de richesse de la ville, par l’accueil des pèlerins et tout le commerce qui en résulte.
Sur le lien ci-dessous est proposée une visite (en anglais) de la reconstitution 3D d’Éphèse, romaine puis byzantine.
Ci-dessous, ce qui reste de cette merveille du monde antique…
Pour l’histoire de la ville d’Éphèse, nous renvoyons à l’article consacré à ce sujet dans l’encyclopédie Wikipédia :
L’Artémis d’Éphèse
Artémis était la déesse grecque de la chasse et de la lune (Diane, chez les Romains), sœur jumelle d’Apollon. À Éphèse la légende disait que sa statue était tombée du ciel. À cause de cela, elle était vénérée de façon particulièrement importante.
La déesse est représentée en ronde bosse. Elle est enfoncée dans une sorte de fourreau allant jusqu’aux pieds, ancrée dans le sol, enracinée à la Terre mère. Ce fourreau est orné d’un quadrillage dans lequel figurent des animaux de toutes espèces : cerfs, sangliers, fauves, abeilles, chèvres, taureaux, chevaux, griffons. Ses bras sont à l’angle droit en signe d’accueil, ornés de cordelettes en laine et de petites sculptures de lion regardant son visage. Elle porte généralement des boucles d’oreilles et sa tête s’appuie, en arrière, sur un reposoir où les figurations animales abondent. Elle arbore aussi une sorte de tiare, qui prend généralement la forme d’une couronne tourrelée et qui, sur certaines représentations, est quadrillée ou recouverte d’un voile.
Quant à son buste qui la rend si célèbre, il est orné d’un collier à pendentifs et sa poitrine est recouverte de protubérances qui lui ont valu le surnom de polymastos (« aux multiples seins »). Les interprétations faites à propos de ces protubérances sur la poitrine de la déesse diffèrent. Pour certains il s’agirait de seins, attribut féminin, symbole direct de la fertilité. Pour d’autres il s’agirait de testicules de taureau, voire un rapport avec la castration humaine (toute une partie du clergé masculin affecté au service du temple était castré). D’autres encore y voient des œufs ou enfin un aspect arboricole, ces reliefs représenterait alors des grappes de fruits.
Ci-dessous, une vidéo présentant l’Artémis d’Éphèse, avec de très belles reconstitutions 3D de la ville et du temple de la déesse.