D.8. Corinthe (2e partie)

Écriture des lettres aux Thessaloniciens

Paul, Silvain et Timothée, à l’Église des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père, et dans le Seigneur Jésus-Christ. À vous, grâce et paix ! (1 Th 1,1)

La première lettre aux Thessaloniciens est le plus ancien écrit du Nouveau Testament, rédigé 20 ans seulement après la mort et la Résurrection du Christ !

C’est pendant ces 18 mois de présence à Corinthe que Paul écrit 1Th et 2Th, sans doute au début du séjour, lorsqu’il réside chez Prisca et Aquilas. Ces deux lettres sont portées par Timothée aux chrétiens de Thessalonique. Plusieurs commentateurs estiment que 2Th n’est pas de Paul.

Envoyés en hâte par Paul, Silas et Timothée étaient revenus avec de bonnes nouvelles des communautés de Macédoine. Cependant, des questions se posaient, qui méritaient qu’on s’y arrête. La question de la fin des temps troublait les esprits. On attendait impatiemment l’avènement glorieux du Christ, qui semblait tellement imminent que certains s’étaient même arrêtés de travailler. Quelques frères chrétiens étaient morts : que deviendraient-ils dans ce contexte de la Venue du Christ ?

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Extrait sur papyrus de la lettre aux Romains. Cette copie date de la fin du 2e siècle

Ces lettres sont les plus anciennes que nous ayons de Paul. Celui-ci s’y épanche avec des accents de tendresse et d’affection qui nous aident à connaître de l’intérieur cet apôtre intrépide.

Le matériel pour écrire : feuilles de papyrus, encre, plume, pierre-ponce pour polir les parties rugueuses du papyrus, et pour effiler la plume, éponge pour effacer les erreurs d’écriture, de la cire et des cordons pour cacheter les feuilles de la lettre. Grâce à Pline, nous savons qu’il y avait alors neuf sortes de papyrus (papier). Le matériel provenait d’Égypte et coûtait très cher. Il est peu probable que Paul se soit servi de parchemin (peau d’animal), que les Juifs utilisaient seulement pour les documents religieux importants. (Source : Père Yvon-Michel Allard)

 

Sur les pas de Paul

 

De Corinthe à Antioche de Syrie

Un an et demi après son arrivée, Paul quitte Corinthe en compagnie de Prisca et Aquilas, et se rend à Cenchrées, l’un des deux ports de Corinthe.

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Icône de Sainte Phœbée

Il est probable que Paul soit venu plusieurs fois dans ce port, à 12 km de Corinthe. Il y fonde une communauté chrétienne, dont nous connaissons au moins un membre : la diaconesse Phœbée, qui sera citée, plus tard, dans l’épître aux Romains avec cet éloge : « Elle fut une protectrice pour nombre de chrétiens et pour moi-même. » (Rm 16,2)

Que deviennent Timothée et Silas ? Ils partent sans doute avec Paul. On retrouvera Timothée lorsque Paul sera à Éphèse.

À Cenchrées, Paul se fait raser la tête car il avait fait un vœu. (Sur cette pratique, cf. Ac 21,23-24).

De Césarée à Jérusalem, il faut compter 130 km. Puis 780 km pour Antioche si Paul y va par la terre. Sinon 130 km pour revenir prendre un bateau à Césarée et faire une traversée de 500 km jusqu’à Antioche.

Et voilà Paul à son point de départ, au terme d’un voyage missionnaire de plusieurs années.

Nous découvrirons Éphèse et Césarée lors d’autres passages de l’Apôtre dans ces villes.

Paul et les jeux isthmiques

À Corinthe, depuis le 6e siècle avant JC, se déroulaient tous les 4 ans les “jeux isthmiques”, qui attiraient des athlètes d’un peu partout. Après un sacrifice à Poséidon, patron de l’Isthme, les compétitions duraient plusieurs jours. Les vainqueurs, d’après Plutarque, étaient couronnés de pins.

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Course à pied. Amphore panathénaïque v. 500 av. J.-C. – Musée du Louvre

Paul est resté au moins 18 mois à Corinthe. Il est probable qu’il ait vu cette manifestation se dérouler, car il utilise le vocabulaire des jeux pour s’adresser aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tout athlète se prive de tout ; mais eux, c’est pour obtenir une couronne périssable, nous une impérissable. Et c’est bien ainsi que je cours, moi, non à l’aventure ; c’est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide. Je meurtris mon corps au contraire et le traîne en esclavage, de peur qu’après avoir servi de héraut pour les autres, je ne sois moi-même disqualifié. » (1Co 9,24-27)

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Lutte

Et plus tard, il écrira à Timothée qui avait été avec lui à Corinthe : « Si quelqu’un lutte, il n’est pas couronné s’il n’a lutté selon les règles. » (2 Tim 2,5)

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Athlète vainqueur – v .520 av. J-C – Musée du Louvre

L’inscription « Éraste »

Dans son épître aux Romains, que Paul écrit lors d’un autre séjour à Corinthe, il cite, parmi la liste de salutation : « Éraste, le trésorier de la ville, vous salue » (Rm 16,23). Or en 1929, on trouva une pierre gravée, datée de la 2e moitié du 1e siècle, où l’on peut lire :

“ERASTVS PRO AEDILIT[AT]E S P STRAVIT” (« Éraste a payé ce pavement en échange de son poste d’édile.”) L’édile, sous l’empire romain, est une fonction de la magistrature d’une ville, dont la tâche est d’assurer l’entretien des bâtiments publics. Il est fort possible que l’Éraste de cette inscription soit celui dont parle St Paul.

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L’inscription avec « Eraste »

Extraits de la 1e lettre aux Thessaloniciens

1 Th 1,1-10

Paul, Silvain et Timothée, à l’Église des Thessaloniciens qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous grâce et paix.

Nous rendons grâce à Dieu à tout moment pour vous tous, en faisant mention de vous sans cesse dans nos prières. Nous nous rappelons en présence de notre Dieu et Père l’activité de votre foi, le labeur de votre charité, la constance de votre espérance, qui sont dus à notre Seigneur Jésus Christ. Nous le savons, frères aimés de Dieu, vous avez été choisis. Car notre Évangile ne s’est pas présenté à vous en paroles seulement, mais en puissance, dans l’action de l’Esprit Saint, en surabondance. De fait, vous savez comment nous nous sommes comportés au milieu de vous pour votre service.

Et vous vous êtes mis à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la parole, parmi bien des tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint : vous êtes ainsi devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et d’Achaïe. De chez vous, en effet, la parole du Seigneur a retenti, et pas seulement en Macédoine et en Achaïe, mais de tous côtés votre foi en Dieu s’est répandue, si bien que nous n’avons plus besoin d’en rien dire. On raconte là-bas comment nous sommes venus chez vous, et comment vous vous êtes tournés vers Dieu, abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et véritable, dans l’attente de son Fils qui viendra des cieux, qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

 

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Papyrus du 3e siècle contenant des extraits des chapitres 1 et 2 de la 1e lettre aux Thessaloniciens

 

1 Th 4, 13-18

Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez ignorants au sujet des morts ; il ne faut pas que vous vous désoliez comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Puisque nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, de même, ceux qui se sont endormis en Jésus, Dieu les emmènera avec lui. Voici en effet ce que nous avons à vous dire, sur la parole du Seigneur. Nous, les vivants, nous qui serons encore là pour l’Avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui seront endormis. Car lui-même, le Seigneur, au signal donné par la voix de l’archange et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts qui sont dans le Christ ressusciteront en premier lieu ; après quoi nous, les vivants, nous qui serons encore là, nous serons réunis à eux et emportés sur des nuées pour rencontrer le Seigneur dans les airs. Ainsi nous serons avec le Seigneur toujours. Réconfortez-vous donc les uns les autres de ces pensées.

 

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Le jugement dernier – Psautier d’Ingeburge de Danemark

 

1 Th 5,13-22

Soyez en paix entre vous. Nous vous y engageons, frères, reprenez les désordonnés, encouragez les craintifs, soutenez les faibles, ayez de la patience envers tous. Veillez à ce que personne ne rende le mal pour le mal, mais poursuivez toujours le bien, soit entre vous soit envers tous.

Restez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie ; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le ; gardez-vous de toute espèce de mal.

Extraits de la 2e lettre aux Thessaloniciens

2 Th 2,1-5

Nous vous le demandons, frères, à propos de la Venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui, ne vous laissez pas trop vite mettre hors de sens ni alarmer par des manifestations de l’Esprit, des paroles ou des lettres données comme venant de nous, et qui vous feraient penser que le jour du Seigneur est déjà là.

Que personne ne vous abuse d’aucune manière. Auparavant doit venir l’apostasie et se révéler l’Homme impie, l’Être perdu, l’Adversaire, celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu’à s’asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu, se produisant lui-même comme Dieu. Vous vous rappelez, n’est-ce pas, que quand j’étais encore près de vous je vous disais cela.

 

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Le Dragon (le Diable) donne son pouvoir à la Bête (l’Homme impie de 2 Th?) (Apocalypse 13,2) – Tapisserie d’Angers

 

2 Th 3,10-13

Quand nous étions près de vous, nous vous donnions cette règle : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or nous entendons dire qu’il en est parmi vous qui mènent une vie désordonnée, ne travaillant pas du tout mais se mêlant de tout. Ceux-là, nous les invitons et engageons dans le Seigneur Jésus Christ à travailler dans le calme et à manger le pain qu’ils auront eux-mêmes gagné. Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien.