F.1. En route vers Éphèse
En route vers Éphèse
Voici, ci-dessous, l’ensemble du 3e voyage missionnaire de Paul.
En quittant Corinthe, Paul, accompagné de Prisca et Aquilas, avait abordé à Éphèse. Le contact avec les Juifs de cette ville avait été bref. À leur demande de rester, il avait répondu, en les quittant : « Je reviendrai chez vous une autre fois, s’il plaît à Dieu. » (Ac 18,21)
Cela devait plaire à Dieu, car l’idée de se rendre à Éphèse ne quitte pas Paul. Lorsque plus rien ne le retient à Antioche, le voilà reparti.
Par bateau ou par la route ? Le bateau aurait l’avantage d’être rapide. Mais la route, même fatigante et dangereuse permettrait de repasser par les communautés chrétiennes fondées depuis plusieurs années, en Lycaonie, en Pisidie. Ce sont sans doute celles à qui Paul a écrit sa « lettre aux Galates ». La décision est donc prise : il visitera ces Églises pour confirmer de vive voix ce qu’il a écrit dans l’urgence. Ainsi, St Luc écrit que Paul « parcourut successivement la région galatico-phrygienne, affermissant tous les disciples » (Ac 18,23), et « traversant le haut pays, vint à Éphèse » (Ac 19,1).
Ces quelques phrases passent très vite dans les Actes des Apôtres, mais c’est tout de même un voyage de plus de 1200 km ! ! Il faut certainement entendre que Paul est passé, comme au début du 2e voyage, par les portes du Taurus, puis par Derbé, Lystres, Iconium, Antioche de Pisidie. Cette route qui va de Tarse jusqu’à Éphèse en passant par Antioche, Strabon l’appelle « la route commune ». C’est la « route des marchands ».
Ci-dessous, la voie romaine près de Tarse, puis la route à travers le massif du Taurus, et le tell de Derbé.
Iconium – Antioche de Pisidie : 180 km
À Antioche, la route que Paul voulait prendre au 2e voyage est ouverte. Il descend donc vers l’ouest, par la vallée du Lycos, puis celle du Méandre.
Antioche de Pisidie – Éphèse : 410 km
Voici quelques photos prises le long de cette route, à différentes périodes de l’année.
Dans la vallée du Méandre, Paul passe par les villes de Laodicée et de Colosses, mais sans y fonder de communauté chrétienne.
Ci-dessous, les ruines de Laodicée
Tout proche de Laodicée se trouve une autre ville où Paul a pu faire une halte : Hiérapolis. Cette ville était une station thermale depuis le 2e siècle av. JC grâce à ses sources d’eaux chaudes riches en calcite. Cette eau a sculpté un paysage fantastique de cascades pétrifiées et de vasques en gradins.
Ces trois villes de Colosses, Laodicée et Hiérapolis ont sans doute été évangélisées par Épaphras, qui sera aux côtés de Paul lors de sa captivité romaine. Paul lui rend hommage dans sa lettre aux Colossiens :
« Épaphras, votre compatriote, vous salue ; ce serviteur du Christ Jésus ne cesse de lutter pour vous dans ses prières, afin que vous teniez ferme, parfaits et bien établis dans tous les vouloirs divins. Oui, je lui rends ce témoignage qu’il prend beaucoup de peine pour vous, ainsi que pour ceux de Laodicée et pour ceux de Hiérapolis. » (Col 4,12-13)
F. 3e voyage missionnaire
Apollos
Pendant que Paul est à Antioche, puis sur la « route des marchands » entre Tarse et Éphèse, arrive dans cette dernière ville un certain Apollos. Luc lui consacre un paragraphe des Actes.
Un Juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, était arrivé à Éphèse. C’était un homme éloquent, versé dans les Écritures. Il avait été instruit de la Voie du Seigneur, et, dans la ferveur de son âme, il prêchait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu’il connût seulement le baptême de Jean. Il se mit donc à parler avec assurance dans la synagogue. Priscille et Aquila, qui l’avaient entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie.
Comme il voulait partir pour l’Achaïe, les frères l’y encouragèrent et écrivirent aux disciples de lui faire bon accueil. Arrivé là, il fut, par l’effet de la grâce, d’un grand secours aux croyants : car il réfutait vigoureusement les Juifs en public, démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ. (Ac 18, 24-28)
Lorsque Luc mentionne l’Achaïe, il sous-entend la ville de Corinthe. Apollos reviendra ensuite à Éphèse, où il fera la connaissance de Paul. Malgré le conseil de Paul, il refusera de repartir pour Corinthe pour ne pas envenimer par sa présence la situation difficile que traverse la communauté chrétienne de cette ville (voir la 1e lettre aux Corinthiens).
Bien plus tard, Paul recommandera à Tite, en Crète, d’accueillir Apollos avec zèle dans son voyage qui le conduit sans doute de Rome (où Paul, prisonnier, l’a vu) à Alexandrie (d’où il est originaire, la Crète étant sur le chemin pour s’y rendre).