F.10. De Milet à Jérusalem
Cos
Paul et ses compagnons ont fait leurs adieux aux anciens d’Éphèse, réunis à Milet. Le navire se dirige maintenant vers le sud : Cos, à 85 km de Milet.
Rhodes
Le lendemain, le navire reprend la mer pour Rhodes. La distance est de 120 km.
Dès qu’on évoque le nom de Rhodes, vient aussitôt à l’esprit le fameux « Colosse de Rhodes », l’une des sept merveilles du monde antique. Il aurait mesuré environ 75 m de haut, tout en bronze. Cette statue du dieu Hélios (Soleil) fut bâtie en 292 avant JC. , et détruite par un tremblement de terre en 227 av. JC. Paul ne l’a donc évidemment pas vue. On hésite sur son emplacement : à l’entrée du port, ou sur l’acropole (la partie « élevée de la ville »). Les ruines de la statue seraient restées sur place jusqu’en 654 de notre ère. Ci-contre, deux vues d’artiste de cette statue monumentale.
La vieille ville de Rhodes, vue de la mer : cette cité a été fortifiée par les croisés.
Un peu plus loin, on a fait mémoire du passage de Paul en donnant son nom à une autre porte de la ville.
Rhodes est à la fois le nom de l’île et de la ville située à l’extrême est de cette île. Lorsque St Luc dit que Paul s’est arrêté à Rhodes, il est probable qu’il s’agissait et de l’île, et de la ville. Néanmoins, il n’est pas exclu que le bateau de Paul ait fait escale dans une autre ville. Faisons simplement mention de Lindos, à une cinquantaine de km à l’ouest de Rhodes. Ci-contre, l’entrée du temple d’Athéna, sur l’acropole de Lindos.
On trouve, dans Lindos, une représentation d’une trière grecque, gravée dans la roche.
Patara
Au départ de Rhodes, une navigation de 100 km emmène Paul et ses compagnons à l’escale suivante : Patara. La légende faisait de cette ville le lieu de naissance d’Apollon. Cette ville, aujourd’hui ensablée, a été l’un des plus importants et des plus anciens ports de Lycie. Elle était la capitale des provinces romaines de Lycie et Pamphylie.
Perdu au milieu de la garrigue, un phare, témoignage d’un temps où la mer ne s’était pas encore retirée.
L’entrée majestueuse de la ville, au nord, construite par le Gouverneur Romain Mettius Modestus en 100 ap. JC, donc après le passage de Paul.
Près du théâtre se trouve un bâtiment remarquable en forme de petit théâtre, le « bouleuterion », où se réunissait la « boulè », une assemblée restreinte de citoyens chargés des affaires courantes.
Le navire de Paul et ses compagnons a-t-il atteint sa destination finale ? Filait-il vers l’est ? Nous ne savons pas. Toujours est-il qu’après quelques jours d’attente (peut-être), « ayant trouvé un navire en partance pour la Phénicie, nous y montâmes et partîmes. » (Ac 21,2)
Tyr
Cette fois, la navigation n’est plus du cabotage. Ce sont 640 km en haute mer, avec seulement un passage près de Chypre, où Paul a pu méditer sur le chemin parcouru depuis sa première mission à Paphos. C’est là qu’il avait reçu du gouverneur Sergius Paulus le nom par lequel tous les chrétiens le connaîtraient.
« Arrivés en vue de Chypre, nous la laissâmes à gauche pour voguer vers la Syrie, et nous abordâmes à Tyr, car c’est là que le bateau devait décharger sa cargaison. » (Ac 21,3)
St Luc nous raconte de façon émouvante le séjour d’une semaine que Paul fait chez les chrétiens de la ville. « Ayant découvert les disciples, nous restâmes là sept jours. Poussés par l’Esprit, ils disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais, notre séjour achevé, nous partîmes. Nous marchions, escortés de tous, y compris femmes et enfants. Hors de la ville, nous nous mîmes à genoux sur la grève pour prier. Puis, ayant fait nos adieux, nous montâmes sur le navire. Ces gens s’en retournèrent alors chez eux. » (Ac 21,4-6)
Ptolémaïs
Au terme des 7 jours d’escale à Tyr, le bateau, ayant sans doute terminé de décharger sa cargaison, en ayant peut-être chargé une nouvelle, Paul et ses compagnons reprennent la mer pour la dernière étape de ce long voyage maritime. L’escale suivante sera Ptolémaïs, à 42 km de Tyr.
Ptolémaïs est le nom grec d’une ville ancienne, fondée aux environs de 1500 av. JC, et connue dans la Bible sous le nom d’Akko (Juges 1,31). Sous la domination arabe, la ville prit le nom d’Akka. Puis lorsque les croisés arrivèrent, elle s’appela St Jean d’Acre.
Un autre édifice remarquable de la ville, le Khan Al-Umdan (ce qui se traduit : caravansérail des piliers), construit pendant la période ottomane, en 1784.
On trouvera, sur le site de l’Unesco et celui de la ville d’Acre, de belles descriptions de la ville, avec d’autres photos et vidéos.
Césarée
Le lendemain, Paul part pour Césarée. Luc dit que la traversée est terminée. C’est donc à pied qu’ils longent la côte jusqu’à Césarée, à 65 km de Ptolémaïs.
A Césarée habitait le diacre Philippe, l’un des sept premiers, celui qui avait baptisé l’Ethiopien, haut fonctionnaire de la reine Candace (Ac 8,26-39). Nous sommes quelques années plus tard, et Philippe a quatre filles qui exercent le charisme de prophétie.
Paul et ses compagnons profitent plusieurs jours de l’hospitalité de Philippe. St Luc nous raconte alors la venue d’un autre prophète, que nous avions rencontré à Antioche de Syrie : Agabus.
« Comme nous passions là plusieurs jours, un prophète du nom d’Agabus descendit de Judée. Il vint nous trouver et, prenant la ceinture de Paul, il s’en lia les pieds et les mains en disant : « Voici ce que dit l’Esprit Saint : L’homme auquel appartient cette ceinture, les Juifs le lieront comme ceci à Jérusalem, et ils le livreront aux mains des païens. » À ces paroles, nous nous mîmes, avec ceux de l’endroit, à supplier Paul de ne pas monter à Jérusalem. Alors il répondit : « Qu’avez-vous à pleurer et à me briser le cœur ? Je suis prêt, moi, non seulement à me laisser lier, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. » Comme il n’y avait pas moyen de le persuader, nous cessâmes nos instances, disant : « Que la volonté du Seigneur se fasse ! » » (Ac 21,10-14)
Nous découvrirons la ville de Césarée lorsque Paul y passera deux ans comme prisonnier.
Jérusalem
Paul et ses compagnons, accompagnés de quelques frères de Césarée, partent pour Jérusalem, le terme de leur long voyage depuis Corienthe. De Césarée à Jérusalem, c’est encore une route de 127 km.
St Luc nous précise qu’en arrivant à Jérusalem, les frères de Césarée mènent le petit groupe chez un certain Mnason, originaire de Chypre, « disciple des premiers jours » (Ac 21,16).
F. 3e voyage missionnaire
Tyr
La fondation de Tyr remonte à 2700 avant JC.
Au 10e siècle av. JC, Hiram, roi de Tyr avait commercé avec Salomon pour lui fournir de nombreux cèdres du Liban. Salomon s’en était servi pour la construction du Temple de Jérusalem et de son palais.
En 814 av. JC, Tyr fonda la cité de Carthage, appelée à rayonner sur toute la méditerranée.
À cette époque, la ville de Tyr était une île fortifiée qui avait l’orgueilleuse réputation d’être imprenable. De fait, au 6e siècle av. JC, le roi Nabuchodonosor assiégea la ville pendant 13 ans sans la prendre, avant qu’un compromis soit trouvé pour que la ville garde une certaine autonomie.
Mais, en 332 av. JC, Alexandre le Grand assiégea Tyr et ne mit que 7 mois pour la prendre. Pour y parvenir, il fit construire une digue longue de 700 à 800 m pour relier l’île de Tyr à la côte. L’ensablement naturel se fit autour de la digue, faisant définitivement perdre à Tyr son statut d’île.
Jésus était venu dans la région de Tyr, où il a délivré la fille d’une syro-phénicienne qui était possédée par un démon (Mt 15,21-28)
St Luc à Jérusalem
Avec la fin de ce troisième grand voyage missionnaire se termine aussi cette deuxième partie du récit en « nous ». Ce qui veut dire que Luc quitte assez rapidement le groupe. Ne peut-on penser qu’il profite de son séjour en Terre Sainte pour recueillir tous les renseignements concernant la vie de Jésus, en vue d’écrire son évangile ? En effet, on retrouvera Luc aux côtés de Paul, 2 ans plus tard, lors de son voyage de captivité vers Rome. 2 ans pendant lesquels Luc a eu le temps d’aller à la rencontre des témoins encore vivants des événements du Salut. Il commencera son œuvre par ces lignes :
« Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus. » (Lc 1,1-4)