B.7. Lystres et Derbé
Évangélisation de Lystres
Arrivés à Lystres, Paul et Barnabé annoncent la Bonne Nouvelle. Survient alors un incident important.
Parmi les auditeurs de Paul, il y avait un homme impotent de naissance qui n’avait jamais marché. St Luc nous rapporte que Paul, discernant sa foi, le guérit. L’homme se dresse et marche.
Aussitôt la foule proclame en lycaonien que Paul est Hermès (messager des dieux), puisque c’est lui qui parle, et que Barnabé est Zeus (dieu du ciel et maître des dieux), et que les dieux visitent leur ville, comme ils l’avaient fait autrefois, selon la légende.
Bien sûr, Paul et Barnabé ne comprennent rien à ce qui se passe. Ils voient qu’on amène des taureaux ornés de guirlandes et que les prêtres du temple de Zeus-devant-la-ville s’apprêtent à les offrir en sacrifice.
Comprenant, Paul et Barnabé déchirent leurs vêtements.
« Amis, que faites-vous là ? Nous aussi, nous sommes des hommes, soumis au même sort que vous, des hommes qui vous annoncent d’abandonner toutes ces vaines idoles pour vous tourner vers le Dieu vivant qui a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve. Dans les générations passées, il a laissé toutes les nations suivre leurs voies ; il n’a pas manqué pour autant de se rendre témoignage par ses bienfaits, vous dispensant du ciel pluies et saisons fertiles, rassasiant vos cœurs de nourriture et de félicité… » C’est à peine s’ils réussirent par ces paroles à empêcher la foule de leur offrir un sacrifice. (Ac 14,15-18)
À la suite de cet incident, des Juifs d’Antioche et d’Iconium arrivent et montent la foule contre Paul, au point qu’ « on lapida Paul et on le traîna hors de la ville, le croyant mort. Mais, comme les disciples faisaient cercle autour de lui, il se releva et rentra dans la ville. » (Ac 14,19-20)
La présence de ces disciples « faisant cercle autour de Paul » montre que le séjour des Apôtres à Lystres durait déjà depuis un certain nombre de jours.
Parmi ces disciples de la première évangélisation, il faut certainement citer le jeune Timothée, ainsi que sa mère Eunice et sa grand-mère Loïs (2 Tim 1,5).
Plus tard, écrivant à Timothée, Paul se rappellera son douloureux passage à Lystres :
Le témoignage de cette lapidation de Paul à Lystres nous est conservé encore dans un écrit de Paul lui-même. Paul, qui se voit contraint de faire sa propre apologie, écrit qu’il a été « une fois lapidé » (2 Co 11,25).
Sur les pas de Paul
Le tell de Lystres
Quelques photos du tell
LVSTRA
Autour du tell
-
Le tell de Lystres
L’antique ville de Lystres est aujourd’hui un tell (une colline de ruines amoncelées en couches successives), proche de la petite ville de Hatunsaray. Voici une vue à partir de Google Earth. Le tell est en haut à gauche. -
LVSTRA
Cette grande pierre retrouvée sur le tell, porte l’inscription du nom de la ville : LVSTRA (4e ligne). Cette pierre ce trouve maintenant au musée de Konya.
Évangélisation de Derbé
Comme à chaque fois, l’annonce de l’Évangile suscite la violence. Aussi, Paul et Barnabé partent dès le lendemain de la lapidation. Ils se dirigent vers la ville de Derbé.
C’est un trajet de 142 km à travers l’austère plateau anatolien.
Ce voyage s’est-il fait en hiver ? Au printemps ? En été ? À l’automne ? Ci-dessous, quelques photos prises sur cette route à différentes périodes de l’année.
Voici nos Apôtres à Derbé.
Les Actes des Apôtres ne nous rapportent qu’un détail de l’évangélisation de Derbé : Paul et Barnabé y font un « bon nombre de disciples » (Ac 14,21). On pourrait peut-être en déduire un séjour assez long. Peut-être, parmi ces premiers disciples, un certain Gaïus, de Derbé, qu’on retrouvera aux côtés de Paul lors de son 3e voyage missionnaire (Ac 20,4).
Notons aussi qu’avant de faire partir Paul et Barnabé d’Iconium en direction de Lystres, Luc écrit que les Apôtres « allèrent chercher refuge dans les villes de la Lycaonie, Lystres, Derbé et leurs environs » (Ac 14,7). Il faut donc certainement imaginer un séjour d’un certain temps, dans l’une et l’autre ville, au cours duquel ils ont rayonné dans les villages à l’entour.
Remarquons enfin que Paul et Barnabé ne semblent pas avoir été chassés de Derbé.
Sur les pas de Paul
Derbé
Le volcan Karadağ
Le nom de Derbé
Vues du sommet du tell
-
Derbé
La ville de Derbé est abandonnée depuis le moyen-âge. Elle est aujourd’hui un tell désolé au milieu des champs, un peu au nord de la ville moderne de Karaman. -
Le volcan Karadağ
-
Le nom de Derbé
Ce tell a été identifié grâce à deux pierres gravées qui se trouvent aujourd’hui au musée de Konya. L’une d’elle mentionne « les dieux de Derbé ».
Ci-dessous, voici une courte méditation du Pape François à partir du passage de l’évangélisation de Lystres.
B. 1er voyage missionnaire
Lystres
La population de Lystres était essentiellement inculte et païenne, avec une petite colonie romaine qui n’avait réussi à imposer le latin comme langue officielle que sur le papier. C’est la première ville sans communauté juive et sans synagogue que Paul visite.
Les rejets vécus à Antioche et Iconium semblent avoir poussé Paul et Barnabé à s’affranchir du souci d’annoncer d’abord aux Juifs la Bonne Nouvelle.
La légende de Philémon et Baucis
Il n’est pas étonnant de voir les habitants de Lystres proclamer que Paul et Barnabé étaient Hermès et Zeus puisqu’ils étaient censés y être déjà venus. C’est, en effet, dans la région de Lystres que la mythologie grecque situait l’épisode de Philémon et Baucis.
Ceux-ci, pauvres et âgés, avaient offert l’hospitalité à Zeus et Hermès qui avaient pris l’apparence de vagabonds, alors que d’autres, plus riches, les avaient repoussés. En récompense, ils furent sauvés d’un déluge qui dévasta le pays. Leur humble chaumière se transforma en un temple dont ils devinrent prêtre et prêtresse. Plus tard, ils moururent ensemble et furent métamorphosés en deux arbres ayant un tronc unique, dressé devant le temple.
Paul "se releva"
Que s’est-il passé exactement à Lystres ?
La foule, soulevée par des Juifs venus d’Antioche et d’Iconium, lapide Paul, et le traine à l’extérieur de la ville, le croyant mort.
Les « disciples » faisant cercle autour de lui, Paul « se releva » (anastas). Il rentre dans la ville avec eux, et dès le lendemain, part avec Barnabé pour une ville située à … 140 km.
On est surpris de ce relèvement si rapide, comme si rien ne s’était passé. On le croyait mort, pourtant !
Comment, alors, ne pas remarquer que le verbe employé, se « relever » (anistèmi) est utilisé dans le Nouveau Testament pour parler de la résurrection. Dans le livre des Actes des Apôtres, sur 44 emplois de ce verbe, 9 désignent explicitement une résurrection.
De plus, c’est encore ce verbe qui est mis dans la bouche de Jésus apparaissant à Saul sur le chemin de Damas. « Relève-toi, entre dans la ville » (Ac 9,6). « Relève-toi, va à Damas » (Ac 22,10). C’est encore ce verbe qui est adjoint au baptême de Saul : « Se levant, il fut baptisé » (Ac 9,18).
Nous n’affirmons pas que Paul serait mort et ressuscité à Lystres. Car si tel avait été le cas, la Tradition l’aurait explicitement affirmé. Cependant, n’y a-t-il pas eu pour Paul une grâce importante venant du Christ qui lui a permis d’échapper à la mort, tout en permettant une épreuve si douloureuse ? Jésus avait dit à Ananie, qui devait baptiser Saul : « Je lui montrerai tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom » (Ac 9,16). Jésus est mort pour que Saul renaisse à la vie nouvelle. De même, Paul souffre pour que l’Évangile soit transmis aux habitants de Lystres. « Quelles persécutions n’ai-je pas eu à subir ! Et de toutes le Seigneur m’a délivré. » (2 Tm 3,11)
Dès le lendemain, Paul peut partir. L’Évangile est bien planté dans cette ville. Et c’est l’œuvre du Christ ressuscité !