B.5. Antioche de Pisidie

Évangélisation d’Antioche

Peut-être accueillis chez des membres de la famille de Sergius Paulus, Paul et Barnabé arrivent à Antioche.

Puis, le jour du Sabbat, Paul et Barnabé se rendent à la synagogue. Après la lecture, le chef de la synagogue leur propose de prendre la parole, ayant appris d’eux, sans doute, qu’ils venaient d’Antioche de Syrie, et qu’ils avaient vécu un temps à Jérusalem : « Frères, si vous avez quelque parole d’encouragement à dire au peuple, parlez. » (Ac 13,15)

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Prédication de Paul et Barnabé

Paul prend la parole. C’est le premier discours de Paul que St Luc nous relate, construit en trois parties :

  • Paul situe Jésus dans la perspective de l’histoire d’Israël, d’Abraham à David. Il mentionne Jean-Baptiste comme celui qui annonce la venue imminente du Messie.
  • Puis Paul proclame la mort et la Résurrection de Jésus.
  • Enfin, il appelle à la foi.

Cette mention de Jean Baptiste, dans une région reculée d’Asie mineure, étonne. Y aurait-il parmi ces Juifs des disciples de Jean ? Plus tard, à Éphèse, Paul en trouvera, en effet. Cela montre, en tout cas, que le rayonnement de Jean a très largement débordé les limites de Palestine.

La parole de Paul a eu un fort impact, car à la sortie de l’office, on demande à Paul et Barnabé de revenir le sabbat suivant pour parler sur le même sujet. Mais dès ce 1e jour, des Juifs et des prosélytes se convertissent et s’attachent aux apôtres.

Durant la semaine, le bouche-à-oreille fonctionne à plein car le sabbat suivant, Luc écrit que « presque toute la ville se rassembla » (Ac 13,44). Il semble que l’assemblée se divise : les plus orthodoxes des Juifs répliquent violemment à Paul, tandis que d’autres, Juifs et païens, adhèrent à la foi proclamée par Paul.

La tension s’aggrave : les dames influentes et les notables de la ville sont alertés, et les apôtres sont chassés de la ville.

Luc mentionne en Ac 13, 49, que :
la Parole du Seigneur se répandait à travers toute la contrée.

 

Peut-être peut-on avancer que Paul et Barnabé ne sont pas restés cantonnés à la ville pendant ce premier séjour à Antioche, et qu’ils ont rayonné dans les villages d’alentour. À moins que le bouche-à-oreille n’ait, là aussi, fonctionné.

 

 Avant d’être chassé, Luc met dans la bouche de Paul une parole très importante, qui marque une prise de conscience :

 

C’était à vous (Juifs) d’abord qu’il fallait annoncer la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez et ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les païens. Car ainsi nous l’a ordonné le Seigneur : Je t’ai établi lumière des nations, pour que tu portes le salut jusqu’aux extrémités de la terre. (Ac 13,46-47)

Paul restera toujours attaché à ses frères Juifs. Mais il entend maintenant nettement l’appel de Dieu à annoncer l’Évangile aux païens.

 

Sur les pas de Paul

 

Voici une présentation (en anglais) du site archéologique d’Antioche de Pisidie.

Voici à présent une reconstitution 3D de la ville.

On trouvera ici d’autres photos d’Antioche de Pisidie, et des reconstitutions en 3D des principaux monuments sur cette ville :

 

En route vers Iconium

Chassés d’Antioche, mais laissant les nouveaux chrétiens « pleins de joie dans l’Esprit Saint » (Ac 13,52), les Apôtres partent pour Iconium. C’est un voyage de 180 km sur le plateau anatolien.

Mettons nos pas dans ceux de Paul et Barnabé, et parcourons cette route pour contempler les paysages qu’ils ont traversés. Était-ce en été ? En hiver ?

Nous voici maintenant à Konya, le nom actuel de l’antique Iconium.

 

Antioche de Pisidie

La ville est fondée, selon la tradition, en 280 av. JC par le Roi Séleucide Antiochos I Sôter, qui lui donne son nom.

Sous l’Empereur Auguste (27 av. JC -14 ap. JC), Antioche sera honoré avec le titre de « Colonia Caesareia », peut-être en raison de sa position stratégique.

La ville devient une importante colonie Romaine, prend la position de capitale et sera même divinisée. La province est progressivement latinisée et le latin restera la langue officielle de la région jusqu’à la fin du IIIe siècle ap. JC. La fertilité de la terre et la paix apportée par Auguste et sa « Pax Romana » rendent plus facile l’intégration des colons vétérans et facilitent les bonnes relations avec les natifs du pays. À la même période, la construction d’un bon réseau routier par Auguste, dont la via Sébaste reliant Antioche de Pisidie avec les ports Pamphyliens comme Pergé, ouvre des possibilités inattendues pour la ville. Antioche profite de ce réseau routier au maximum et devient une ville capitale pour de nombreuses cultures différentes en raison des activités économiques (agriculture, exploitation du marbre), militaires et religieuses de la région.

La cité contrôlait un territoire estimé à environ 1400 km² et, selon quelques spécialistes, il y avait 40 villages pour une population de 50.000 habitants vivants sur cette zone.

En ce qui concerne la religion on note la présence importante dans la ville du culte du dieu Men, dieu des mois, associé à la Lune.(Source : Antikforever)

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Dieu Men (musée d’Ankara)

Le discours de Paul à Antioche de Pisidie

« Hommes d’Israël, et vous aussi qui adorez notre Dieu, écoutez : Le Dieu d’Israël a choisi nos pères ; il a fait grandir son peuple pendant le séjour en Égypte et, par la vigueur de son bras, il l’en a fait sortir. Pendant une quarantaine d’années, il les a nourris au désert et, après avoir exterminé sept nations païennes au pays de Canaan, il leur en a distribué le territoire en héritage. Tout cela avait duré environ quatre cent cinquante ans. Après cela, il leur a donné des juges, jusqu’au prophète Samuel. Puis ils demandèrent un roi, et Dieu leur a donné Saül, fils de Kish, un homme de la tribu de Benjamin, qui régna quarante ans. Après l’avoir rejeté, Dieu a suscité David pour le faire roi, et il lui a rendu ce témoignage : J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur ; il accomplira toutes mes volontés.

Et, comme il l’avait promis, Dieu a fait sortir de sa descendance un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean Baptiste a préparé la venue en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël. Au moment d’achever sa route, Jean disait : « Celui auquel vous pensez, ce n’est pas moi. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de lui défaire ses sandales. »

Fils de la race d’Abraham, et vous qui adorez notre Dieu, frères, c’est à nous tous que ce message de salut a été envoyé. En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs n’avaient pas su reconnaître Jésus, ni comprendre les paroles des prophètes qu’on lit chaque sabbat ; et pourtant ils ont accompli ces mêmes paroles quand ils l’ont jugé. Sans avoir trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort, ils ont réclamé à Pilate son exécution. Et, après avoir réalisé tout ce qui était écrit de lui, ils l’ont descendu de la croix et mis au tombeau.

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Mort et Résurrection de Jésus – Codex de Rabula (6e s)

Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts. Il est apparu pendant plusieurs jours à ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, et qui sont maintenant ses témoins devant le peuple.

Et nous, nous vous annonçons cette Bonne Nouvelle : la promesse que Dieu avait faite à nos pères, il l’a entièrement accomplie pour nous, leurs enfants, en ressuscitant Jésus ; c’est ce qui est écrit au psaume deuxième : « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré. »

Oui, Dieu l’a ressuscité des morts sans retour possible à la corruption, comme il l’avait annoncé en disant : « Je vous donnerai la véritable sainteté annoncée à David ». Et c’est celui-ci qui dit dans un autre psaume : « Tu donneras à ton ami de ne pas connaître la corruption ». En effet David, après avoir, en son temps, servi le plan de Dieu, est mort, il a été enterré avec ses ancêtres, et il a connu la corruption. Mais celui que Dieu a ressuscité n’a pas connu la corruption.

Sachez-le donc, frères, c’est grâce à Jésus que le pardon des péchés vous est annoncé et, alors que, par la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être délivrés de vos péchés et devenir justes, par Jésus, tout homme qui croit devient juste. Prenez donc garde pour ne pas être atteints par cette parole du Seigneur au livre des prophètes : « Regardez, vous les arrogants, étonnez-vous, disparaissez ! Moi, je vais accomplir une action en votre temps, une action telle que vous n’y croiriez pas si on vous la racontait ». »

Res Gestae Divi Augusti
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Caius Octavius Thurinus Imperator Caesar Divi Filius Augustus

L’empereur Auguste confia en dépôt aux Vestales, un an avant sa mort en l’an 14, plusieurs rouleaux scellés. L’un d’eux contenait le compte-rendu de ses actions (en latin index rerum gestarum), qui devait être gravé sur des tables de bronze à placer devant son mausolée à Rome. L’original de Rome a disparu, mais des copies ont été retrouvées, en particuliers en Turquie.

Le texte se compose de 35 paragraphes qui peuvent être regroupés en quatre sections, et d’un court appendice.

  1. Première partie (paragraphes 1 à 14) : elle décrit la carrière politique d’Auguste, son « cursus honorum », les charges, offices et honneurs qu’il a occupés ou reçus,
  2. Seconde partie (paragraphes 15 à 24) : elle cite les distributions d’argent, les jeux et les monuments offerts au peuple romain,
  3. Troisième partie (paragraphes 25 à 33) : elle décrit ses hauts faits militaires et son action diplomatique.
  4. Quatrième partie (paragraphes 34 et 35) : elle met en évidence les origines des noms Auguste et père de la patrie.

Appendice : écrit à la troisième personne contrairement au reste du texte, il n’est probablement pas de la main d’Auguste. Cet appendice résume l’ensemble du texte, cite l’exceptionnelle position d’Auguste au sein du gouvernement, et liste les différents monuments qu’il a construits ou rénovés sur ses propres fonds.

Les paragraphes 25 à 33 des Res gestae sont également un document géographique qui donne une vision d’ensemble du monde connu des Romains au début de l’empire et affirme leur maîtrise directe ou indirecte sur le monde habité, l’orbis terrarum. Pas moins de 55 noms géographiques y figurent, dont certains sont mentionnés pour la première fois en langue latine.

(Source : Wikipedia)

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Source de la carte : Larousse

Le paragraphe 8 est intéressant : il parle de 3 recensements. On ne peut s’empêcher de penser au fameux recensement pendant lequel Jésus est né à Bethléem.

Extrait du paragraphe 8 :

« Lors de mon sixième consulat, j’ai effectué un recensement du peuple avec l’aide de mon collègue M. Agrippa. Pour la première fois depuis quarante-deux ans, j’ai organisé la cérémonie du lustre. On y recensa 4.063.000 citoyens romains. Une deuxième fois, j’ai célébré le lustre en vertu de mon imperium consulaire, seul cette fois ; à l’occasion de ce lustre, on dénombra 4.233.000 citoyens romains. J’ai procédé à un troisième recensement en vertu de mon pouvoir consulaire, avec pour collègue mon fils Tibère César. On y recensa 4.937.000 citoyens romains. »

(Traduction : Michel Dubuisson)