G.4. De Césarée à Bons-Ports

En route vers Rome

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A Césarée maritime, devant le gouverneur Festus, Paul a fait appel au tribunal de l’empereur. Les Actes des Apôtres continuent ainsi : « Quand notre embarquement pour l’Italie eut été décidé, on remit Paul et quelques autres prisonniers à un centurion de la cohorte Augusta, nommé Julius. Nous montâmes à bord d’un vaisseau d’Adramyttium qui allait partir pour les côtes d’Asie, et nous prîmes la mer. Il y avait avec nous Aristarque, un Macédonien de Thessalonique. » (Ac 27,2)

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St Luc

La première remarque à faire est le retour du « nous ». Nous avions laissé St Luc à Jérusalem. Le voilà à Césarée, embarquant avec Paul. Qu’a-t-il fait pendant les deux années de détention de Paul ? Il est probable, d’abord, qu’il a continué à avoir une relation suivie avec Paul. On peut aussi très raisonnablement imaginer qu’il en a également profité pour sillonner la Terre Sainte à la recherche des témoins de Jésus, en vue d’écrire son Évangile. Voici, en effet, le prologue de son ouvrage : « Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole, j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé exactement de tout depuis les origines d’en écrire pour toi l’exposé suivi, excellent Théophile, pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus. » (Lc 1,1-4)

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Adramyttium en Asie mineure

Luc se joint donc à Paul pour l’accompagner à Rome. Il y a aussi Aristarque, de Thessalonique. C’est lui qui avait été trainé à l’amphithéâtre d’Éphèse, lors de l’émeute déclenchée par les orfèvres (Ac 19,29). On le retrouvera, plus tard, en prison aux côtés de Paul.

Le navire sur lequel embarquent les prisonniers et les soldats chargés de les gardés est originaire d’Adramyttium, sur la côte occidentale de l’Asie mineure. C’est sans doute un navire de commerce faisant la liaison entre la province d’Asie et l’Égypte ou la Judée.

 

 

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Une corbita dessinée par ordinateur. C’est le bateau marchand le plus répandu

 

Sidon

Le lendemain du départ, après 130 km de navigation, le navire fait escale à Sidon, où Paul est autorisé à visiter les chrétiens de la ville et à recevoir une assistance de leur part.

Myre

Puis le bateau reprend le large, traverse la mer de Cilicie et de Pamphylie, en laissant Chypre à gauche, à cause du vent contraire venant de l’ouest. Au bout de 15 jours et 700 km de navigation, il arrive finalement à Myre, en Lycie.

Cnide

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Un bateau de transport de grains – Mosaïque d’Ostia antica

À Myre, le centenier trouve un bateau d’Alexandrie en route vers l’Italie. La troupe décide donc de le prendre. Dans un premier temps, ce navire va nous conduire jusqu’en Crète : ce navire transporte du blé. Il accueille aussi 276 personnes. Ce chiffre étonnant indique qu’il s’agit d’un très gros bateau.

Le vent étant contraire, la navigation (260 km) se fait fort lentement, jusqu’à hauteur de Cnide. Luc précise que le vent contraire ne permet pas d’accoster.

Même si Paul n’y a pas abordé, arrêtons-nous un instant à Cnide.

Bons-Ports

Arrivé à hauteur de Cnide, la route logique aurait été de poursuivre vers l’ouest, à travers la mer Égée. Mais nous sommes en plein automne. À cette période de l’année, les vents peuvent rendre impossible cet itinéraire. Le navire prend donc la direction du sud, vers la Crète. Il contourne le cap Salmone, au nord-est de l’ile, et arrive à Bons-Ports, près de Lasaïa. Depuis Cnide, cela représente environ 350 km.

Histoire de Sidon

Sidon est une ville très ancienne. Elle a été habitée depuis au moins 4000 ans avant JC, et peut-être dès l’époque néolithique. Elle est située dans la plaine étroite qui longe la mer Méditerranée, à seulement 36 km au nord de Tyr. Comme la plupart des villes phéniciennes, elle a été construite sur un promontoire, face à une île, qui abritait sa flotte contre les tempêtes.

Sidon était l’une des 3 grandes villes phéniciennes, avec Tyr et Byblos, qui ont dominé le commerce maritime méditerranéen.

En 667 avant JC, Sidon est détruite par les Assyriens. Reconstruite, elle devient un important port militaire de l’empire perse (550-330 av JC).

En 351 avant JC, une révolte des Sidoniens est très sévèrement réprimée par Artaxerxès III, faisant 40.000 morts. Après la catastrophe, la ville est trop faible pour s’opposer à l’avancée d’Alexandre le Grand, en 333 av JC. La ville se rend sans combat.

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Quart de shekel de la cité de Sidon en Phénicie

Lorsque Sidon, comme les autres villes de la Phénicie, tombe sous la domination romaine, elle continue à frapper ses propres pièces d’argent. Les Romains construisent un théâtre et d’autres monuments majeurs de la ville.

Aux temps évangéliques, la réputation de Jésus vient rapidement jusqu’à Sidon, et de nombreux habitants se rendent en Galilée à sa rencontre : « Descendant alors avec eux, Jésus se tint sur un plateau. Il y avait là une foule nombreuse de ses disciples et une grande multitude de gens qui, de toute la Judée et de Jérusalem et du littoral de Tyr et de Sidon, étaient venus pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies. » (Lc 6,17-18)

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L’épisode de la Syro-phénicienne, qui se tient dans la région de Tyr et de Sidon – Manuscrit égyptien de 1684

Plus tard, Jésus cite la ville en exemple d’accueil de la foi, face à l’incrédulité des villes de Galilée : « Malheur à toi, Chorazeïn ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car, si les miracles qui ont eu lieu chez vous avaient eu lieu à Tyr et à Sidon, il y a longtemps que, sous le sac et assises dans la cendre, elles se seraient repenties. Aussi bien, pour Tyr et Sidon il y aura moins de rigueur, lors du Jugement, que pour vous. » (Lc 10,13-14)

Les Évangélistes Matthieu et Marc nous rapportent aussi que Jésus s’est lui-même rendu dans cette ville ou la région. « En sortant de là, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. » (Mt 15,21) « S’en retournant du territoire de Tyr, il vint par Sidon vers la mer de Galilée, à travers le territoire de la Décapole. » (Mc 7,31)

Après les temps bibliques, la ville, devenue Saïda, est conquise par les musulmans en 636, puis en 1111 par les croisés, devenant l’une des quatre baronnies du royaume de Jérusalem.

Au 15e siècle, Saïda était l’un des ports de Damas et prospère une fois de plus, au cours du 17e siècle. Vers la moitié du 20e siècle, Saïda se développe comme centre de commerce et d’agriculture. Elle est aujourd’hui la plus grande ville dans le sud du Liban. Ci-dessous, une vue de la nouvelle ville.

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Saïda

 

St Nicolas de Myre

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Le personnage le plus connu de la ville de Myre, où Paul fait escale, est sans conteste Saint Nicolas. Né à Patara, autour des années 260, il est désigné évêque de Myre vers 300.

St Nicolas est connu pour sa générosité, mais aussi pour son dévouement pour son peuple et son intercession pour les personnes accusées à tort. Il participe au concile de Nicée en 325.

À sa mort, ses reliques sont conservées dans l’église portant son nom, à Myre. Son tombeau est réputé suinter une huile parfumée par laquelle s’opère quantité de miracles. En 1087, des marins de Bari volent les reliques et les ramènent dans leur ville, où une basilique est élevée en l’honneur de St Nicolas.

St Nicolas est le 3e saint le plus vénéré de l’orthodoxie, après la Mère de Dieu et Jean le Précurseur (Jean Baptiste). Une anecdote de sa vie est à l’origine de la légende du Père Noël. Son voisin était ruiné, et ses filles menacées de devoir recourir à la prostitution. Nicolas aurait alors jeté trois sacs d’or dans la maison de ce voisin, par la fenêtre. Ci-dessous, une statue de St Nicolas, à Myre.

Ci-dessous, l’église et le monastère byzantins St Nicolas, à Myre.

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La Crète et ses mythes

L’île de Crète a été le théâtre de nombreux épisodes de la mythologie grecque :

Elle est le lieu où Zeus est né, protégé par sa mère Rhéa, contre l’appétit de son père Cronos. Zeus serait né dans une caverne du mont Dicté (ou du mont Ida selon les auteurs). Il y aurait été élevé par des nymphes et des Curètes.

L’ile est le lieu des amours de Zeus (changé en taureau) et de sa captive Europe, liaison qui donnera naissance à Minos, le roi légendaire de la Crète.

L’épouse de Minos, Pasiphaé, ayant succombé au charme d’un taureau envoyé par Poséidon, elle enfanta le fameux Minotaure. Celui-ci fut enfermé par Minos dans le Labyrinthe, construit par l’architecte Dédale. L’emplacement du Labyrinthe, situé par les auteurs de l’antiquité à Knossos, serait reconnaissable d’après certains archéologues sur le site du palais minoen retrouvé sur ce site ; il a toutefois pu être situé par certains auteurs en d’autres endroits comme la carrière appelée Labyrinthe, située près de Gortyne.

La ruse et le courage de Thésée et d’Ariane permirent de tuer le Minotaure et de ressortir du Labyrinthe.

Dernier mythe : Dédale et son fils Icare cherchant à s’échapper de l’île où la vengeance de Minos les poursuit, le premier construisit des ailes en cire au second. Icare se tua en volant trop près du soleil.

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Thésée tuant le minotaure. – Cratère à figures noires. Vers 480 av. J.-C.