G.2. De Jérusalem à Césarée

Le complot contre Paul

Paul vient de comparaître devant le Sanhédrin, où il a habilement joué sur les divisions internes de cette instance suprême d’Israël.

La nuit suivante, Jésus lui apparait : « Courage ! De même que tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, ainsi faut-il encore que tu témoignes à Rome. » (Ac 23,11)

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Le neveu de Paul avertit Lysias

Pendant ce temps, un complot se forme contre Paul. 40 hommes font serment de ne rien manger ou boire avant de l’avoir tué. Le neveu de Paul apprend le complot, avertit Paul et les autorités romaines.

Le neveu de Paul (littéralement : « fils de la sœur » de Paul) est qualifié de jeune homme (néanias). Comment ce neveu est-il là ? Nous n’en savons rien. La sœur de Paul habite-t-elle Jérusalem ? Ou bien ce neveu est-il là pour des études, comme Paul jadis ? Est-il chrétien ? On doit en rester aux questions.

 

Transfert à Antipatris

Le tribun Lysias, effrayé de ce qu’un citoyen romain puisse être tué alors qu’il en a la responsabilité, décide de l’envoyer secrètement à Césarée, où réside le gouverneur.

St Luc se plait à nous décrire ce transfert, en exagérant sans doute l’importance de l’escorte militaire : 200 soldats, 70 cavaliers et 200 lanciers partent, vers 21h, pour conduire Paul.

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Le transfert de Paul à Césarée

Le voyage vers Césarée se fait en deux étapes. Au terme de la marche de nuit, la troupe arrive à Antipatris, à 72 km de Jérusalem.

On peut se demander comment une troupe importante, comportant des soldats à pied, et marchant de nuit, a pu parcourir 72 km en une nuit. On peut supposer que cette étape a pu se faire en deux fois, avec un arrêt, par exemple à Emmaüs-Nicopolis, qui se trouve à mi-distance.

« Le lendemain », partant d’Antipatris, les cavaliers seuls continuent vers Césarée, à 68 km de là, tandis que la troupe revient à Jérusalem.

 

Sur les pas de Paul

Suivons les pas de Paul, partant de Jérusalem en direction de Césarée.

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Jean Marais dans le rôle de Ponce Pilate

Lorsqu’on est à Césarée, on doit évoquer un personnage célèbre de la Bible : Ponce Pilate, qui condamna Jésus à mort. Au 19e siècle et dans la première moitié du 20e, beaucoup de personnes, voulant remettre en cause la véracité des Évangiles, émirent un doute sur l’existence de cet homme. Or, en 1961, on trouva dans les sables de Césarée une stèle portant son nom. C’est la seule pièce archéologique connue à ce jour, qui permet d’attester son existence.

En guise de récapitulation, et pour le plaisir des yeux, voici une présentation de Césarée, filmée en HD par un drone (avec une musique aussi grandiose que les images) :

 

Emmaüs-Nicopolis
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Jésus ressuscité et les pèlerins d’Emmaüs – St Apollinaire le neuf – Ravenne

La route principale descendant de Jérusalem vers la côte passe près d’Emmaüs-Nicopolis.  

C’est là que Judas Maccabées a remporté l’une de ses importantes batailles (1e livre des Martyrs d’Israël,4) en 165 av. JC, d’où le nom grec de « Nicopolis » (ville de la victoire).

C’est l’un des lieux identifié à l’Emmaüs des Évangiles, où s’est manifesté Jésus ressuscité (Lc 24,13-35). La grande difficulté pour cette identification vient de son emplacement à 30 km de Jérusalem. Les disciples d’Emmaüs ont-ils pu refaire de nuit cette distance qu’ils venaient de parcourir de jour ? (De ce point de vue, Abu Gosh est mieux situé, à 11 km de Jérusalem).

Mais inversement, il faut noter une tradition orale qui s’est transmise jusque dans le nom arabe du village : « Amwas ». De plus, les Byzantins y ont bâti une église en mémoire du lieu où Jésus s’est fait reconnaître à la fraction du pain, ce qui est toujours un signe fort. On voit encore les ruines de cette basilique et un baptistère.

Enfin, en 1878, Ste Maryam de Bethléem reçut une révélation de Jésus lui indiquant qu’Amwas était l’Emmaüs de l’Évangile de Luc.

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Ste Maryam de Bethléem

Ci-dessous, voici une présentation vidéo (21′) d’Emmaüs-Nicopolis.

 

Antipatris

La ville d’Antipatris est l’antique Aphek que l’on trouve dans l’Ancien Testament. Cette ville, sur une position stratégique de la plaine de Saron est habitée depuis 5000 ans av. JC. C’est une des villes conquise par Josué lors de l’entrée en Terre Promise (« Le roi d’Afek » mentionné en Josué 12,18).

Pendant l’Age de Bronze Récent, les Égyptiens y établirent un poste pour garder la route. Des excavations mirent au jour de nombreuses inscriptions de cette « résidence de gouverneur ». Quelques temps plus tard, Aphek fut l’emplacement du camp Philistin lors de leur combat contre les Israélites où ils capturèrent l’arche de l’alliance (1 Sam 4).

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Bas-relief de prisonniers philistins sur la façade sud du deuxième pylône du temple mortuaire de Ramsès III, Médinet Habou, nécropole thébaine, Égypte

À la fin du règne de Saul, les Philistins se réunirent à cet endroit une fois de plus, refusant à David de se mettre à leur côté pour combattre les Israélites (1 Sam 29).

Lorsqu’Hérode le Grand devint roi (37-4 av. JC), il rebâtit Aphek et nomma la ville Antipatris d’après son père Antipater. Des travaux archéologiques ont mis à jour le Cardo de la ville (grande avenue commerciale), avec les magasins des deux côtés de cette rue principale. La ville fut détruite en 363 par un tremblement de terre.

Les Croisés reconnurent aussi la valeur stratégique des environs et bâtirent un château sur la colline donnant sur l’ancien site. Le château fut appelé « Migdal Aphek » (Tour d’Aphek) et fut construit par-dessus le site d’un fort juif datant de la Première Révolte Juive (66-70 après JC). Le château est aussi connu sous le nom de « Mirabel » (belle vue). La plupart des ruines visibles de nos jours datent de l’époque turque.

Le fort visible aujourd’hui a été construit par le chef Ottoman Sulaiman le Magnifique.

(Source : biblelieux.com)

Césarée maritime d’après Flavius Josèphe

Flavius Josèphe (37 – 100 ap. JC), général juif lors de la révolte de 66-70, puis historien de sa nation, décrit ainsi la construction de Césarée.

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Buste de Flavius Josèphe

« Hérode avait remarqué sur le bord de la mer un emplacement tout à fait propre à la fondation d’une ville : c’était le lieu autrefois appelé Tour de Straton. Il dressa un plan grandiose de la ville même et de ses édifices et la construisit entièrement, non pas de matériaux quelconques, mais en pierre blanche. Il l’orna de palais somptueux et de monuments à l’usage du public ; et, ce qui fut le plus important et exigea le plus de travail, la pourvut d’un port, parfaitement abrité, aussi grand que le Pirée, avec des quais de débarquement à l’intérieur et un second bassin. Le plus remarquable dans la construction de cet ouvrage, c’est qu’Hérode ne trouva sur les lieux mêmes aucune facilité pour le mener à bien, et qu’on ne put l’achever qu’avec des matériaux amenés à grands frais du dehors.[…] Hérode traça le port en forme circulaire, de façon que de grandes flottes pussent mouiller tout près du rivage, immergeant à cet effet des rochers énormes jusqu’à une profondeur de vingt brasses ; ces rochers avaient pour la plupart cinquante pieds de longueur, au moins dix-huit de largeur et neuf d’épaisseur, quelques-uns plus, d’autres moins. Le môle, bâti sur ces fondements, qu’il projeta dans la mer, avait une longueur de deux cents pieds. La moitié, véritable rempart contre la grosse mer, était destinée à soutenir l’assaut des flots qui venaient s’y briser de tous côtés ; on l’appela donc le brise-lames. Le reste soutenait un mur de pierre coupé de distance en distance par des tours dont la plus grande s’appelle Drusus, très bel ouvrage, tirant son nom de Drusus, beau-fils de César, mort jeune.

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Le port de Césarée – Vision d’artiste

On construisit une série d’abris voûtés pour servir d’asile aux matelots ; sur le devant, on traça un large quai de débarquement, enveloppant dans son pourtour le port tout entier et offrant une promenade charmante. L’entrée et l’ouverture du port se trouvaient exposées au vent du nord, qui est le plus favorable. À l’extrémité de la jetée, à gauche de l’entrée, s’élevait une tour, pouvant opposer une forte résistance ; à droite se dressaient, reliés entre eux, deux énormes piédestaux, plus grands que la tour d’en face. Tout autour du port est une suite ininterrompue de bâtiments construits en pierre soigneusement polie ; au centre est une colline sur laquelle on bâtit le temple de César, visible de loin pour les navigateurs et renfermant les statues de Rome et de César. La ville elle-même reçut le nom de Césarée ; elle est remarquable par la qualité des matériaux employés et le soin apporté à la construction. Les souterrains et les égouts construits sous la ville ne furent pas moins soignés que les édifices élevés au-dessus d’eux. Les uns, espacés à intervalles réguliers, aboutissent au port et à la mer ; un autre, transversal, les réunit tous de façon à emporter facilement les pluies et les immondices et à permettre à la mer, lorsqu’elle est poussée par le vent du large, de s’étendre et de laver en dessous la ville entière. Hérode bâtit aussi un théâtre de pierre et, au sud du port et en arrière, un amphithéâtre pouvant contenir un très grand nombre de spectateurs et parfaitement situé, avec vue sur la mer. La ville fut terminée en douze ans, car le roi ne souffrit aucune interruption dans les travaux et n’épargna aucune dépense.

(Les antiquités judaïques, XV, 331-341)

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La ville de Césarée – vision d’artiste

Ci-dessous, le lien vers une vidéo montrant le palais d’Hérode, résidence des gouverneurs romains de Judée. St Paul y a comparu devant deux gouverneurs romains successifs.