H.6. Le martyre de Paul
Le contexte : la persécution de Néron
Depuis le premier séjour de Paul à Rome, de 61 à 63, de graves événements se sont déroulés. Le 18 juillet 64, un gigantesque incendie se déclenche et ravage la ville pendant plus d’une semaine.
Sur les 14 quartiers de Rome, 3 sont complètement détruits et 7 ne conservent que quelques bâtiments. Les morts se comptent par milliers. On estime que 200.000 personnes se retrouvent sans abri.
Les historiens romains Tacite et Suétone attribuent clairement ce désastre à l’empereur Néron lui-même, qui aurait ensuite cherché à détourner la fureur populaire sur les chrétiens. C’est l’origine de la grande persécution anti-chrétienne de 64 à 68, 34 ans seulement après la mort et la Résurrection du Christ.
Tacite (58-120), qui n’avait lui-même aucune sympathie pour les chrétiens, décrit cet époque terrible dans ses « Annales » au livre XV,44 :
« Aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d’avoir ordonné l’incendie. Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d’autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d’hommes détestés pour leurs abominations et que le vulgaire appelait chrétiens.
Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d’infamies et d’horreurs afflue et trouve des partisans.
On saisit d’abord ceux qui avouaient leur secte ; et, sur leurs révélations, une infinité d’autres, qui furent bien moins convaincus d’incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens ; d’autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. Néron prêtait ses jardins pour ce spectacle, et donnait en même temps des jeux au Cirque, où tantôt il se mêlait au peuple en habit de cocher, et tantôt conduisait un char.
Aussi, quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les cœurs s’ouvraient à la compassion, en pensant que ce n’était pas au bien public, mais à la cruauté d’un seul, qu’ils étaient immolés. »
C’est au cours de cette persécution que St Pierre est arrêté, et crucifié dans le cirque de Néron, au flanc de la colline du Vatican.
La communauté chrétienne qui avait accueilli Paul en 61, en venant à sa rencontre, et au milieu de laquelle il a vécu pendant 2 ans, est désormais décimée et traumatisée.
L’emprisonnement
Paul a sans doute connu plusieurs lieux de détention, et c’est de l’un d’eux qu’il écrit à Timothée :
J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Et maintenant, voici qu’est préparée pour moi la couronne de justice, qu’en retour le Seigneur me donnera. (2 Tim 4,7-8)
La prison Mamertine
La tradition romaine affirme que Paul, comme Pierre avant lui, a été enfermé au « Tullianum », appelé « prison Mamertine » depuis le Moyen-Âge. Que ce cachot ait été ou non un lieu de détention des deux Apôtres n’est pas le plus important. Cette prison est devenue un symbole et un lieu de mémoire pour les pèlerins chrétiens : ils se souviennent de la persécution qui a frappé Pierre et Paul, et surtout de l’offrande qu’ils ont faite de leur vie, comme le Christ.
L’entrée de la prison Mamertine : une église a été construite par-dessus. Le Forum romain se trouve juste à gauche, et le Capitole derrière.
Cachot supérieur de la prison Mamertine. On voit, dans la voûte, l’ouverture unique par laquelle on descendait les prisonniers.
Ci-dessous, une petite visite en vidéo de la prison Mamertine. Cette vidéo ne fait pas allusion à Pierre ou Paul, mais à Jugurtha, roi de Numidie, jeté dans le Tullianum en 105 av. JC :
Tre Fontane – Le martyre
La tradition raconte que Paul n’est sorti de l’infâme cachot que pour être exécuté. En tant que citoyen romain, Paul est condamné à mourir par le glaive. Il est alors emmené au lieu appelé « Aquae salviae », sur la via Laurentina. C’est là, dans ce petit vallon, que l’Apôtre des nations est décapité.
La tradition dit que la tête coupée de Saint Paul aurait rebondi 3 fois sur le sol, faisant jaillir 3 fontaines, qui donnent au lieu son nom actuel : Tre Fontane. Allégoriquement, on peut aussi considérer que par son martyre, Saint Paul rend témoignage au Dieu unique et trois fois saint, Père, Fils et Saint Esprit, source de toute vie, unique et triple à la fois.
Sur les pas de Paul
La Porte d’Ostie
La pyramide de Cestius
La voie romaine d'Ostie
Un columbarium
L’arche de Charlemagne
L’église du martyre de St Paul
A l’intérieur de l’église
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La pyramide de Cestius
Par contre, Paul est passé devant la pyramide de Cestius, construite 80 ans plus tôt. -
La voie romaine d'Ostie
La troupe de soldats et son prisonnier continuent par la via Ostiense qui part vers le sud en direction du port de Rome. La photo montre l'arrivée à Ostie (où Paul n'est pas allé). -
Un columbarium
Comme pour toutes les voies romaines, dès que les portes de la ville sont franchies, on longe les nécropoles, qui devaient en effet se trouver à l’extérieur des villes. La photo montre un columbarium se trouvant à la Porta di Roma, à Ostie. -
L’arche de Charlemagne
À environ 5 km du centre de Rome, la via Laurentina part sur la gauche de la via Ostiense. Le détachement emprunte cette voie. Moins de 2 km plus loin, nous arrivons à Tre Fontane. Voici l’entrée du domaine de Tre Fontane : l’arche de Charlemagne. -
L’église du martyre de St Paul
Dans ce domaine se trouve une abbaye et plusieurs églises. Entrée de l’église du martyre de St Paul.
Voici, dans le lien suivant, une vidéo amateur tournée par un groupe de pèlerins anglophones sur le lieu du martyre de St Paul :
H. Après le récit des Actes
Le Tullianum ou prison Mamertine
Selon la tradition, cette prison de Rome a été creusée au pied du Capitole au 7e siècle av. J.-C., sous le règne d’Ancus Marcius. Cette prison a été agrandie par Servius Tullius qui lui laissa son nom. Elle fut encore agrandie sous Tibère : la dénomination de prison Mamertine date du Moyen Âge.
C’était une prison souterraine à deux étages. Selon l’historien Salluste : « Elle contient une salle basse, nommée Tullianum, qui s’enfonce à douze pieds sous terre. Elle est fermée de murs épais et couverte d’une voûte de pierre. C’est un cachot malpropre, obscur, infect, dont l’aspect a quelque chose d’effrayant et d’horrible. »
Ce lieu ne servait pas seulement de lieu de détention, mais aussi d’exécution. Jugurtha et Séjan y furent incarcérés. Cicéron y fit exécuter les complices de Catilina. Si Vercingétorix y resta six ans avant d’être exécuté pendant le triomphe de César, la plupart des prisonniers ne restaient pas longtemps dans cette prison et étaient exécutés au bout de quelques mois.
Selon la tradition catholique médiévale, c’est là aussi que furent détenus les apôtres Pierre et Paul. Pierre aurait été délivré par un ange et aurait baptisé ses geôliers avec l’eau d’un puits qu’il aurait fait jaillir du sol (il est cependant prouvé que ce puits est plus ancien). Un autel leur a été dédié dans le cachot au 19e siècle.
(Source : Wikipédia)
Tre Fontane
Le nom le plus ancien de ce lieu était « Eaux Salvie ».
Deux traditions expliquent la naissance de ce nom. Selon la première, il vient de la famille romaine des Salvia. Selon la seconde, le nom serait dérivé de la présence des sources abondantes et bénéfiques, qui sont toujours actives.
Le nom de « Tre Fontane » (Trois fontaines) est étroitement liée à un épisode très important du christianisme : le 29 Juin 67, aux Eaux Salvie, l’apôtre Paul a été martyrisé par décapitation. Selon la tradition, la tête de Saint-Paul, coupée, a rebondi sur le sol à trois reprises, faisant jaillir aux points de contact avec le sol les 3 sources d’eau.
Le fait du martyre est attesté par des documents. Les dates les plus anciennes remontent au « Actes de Pierre et Paul », document grec du 5e siècle. Un second document est une lettre envoyée par le pape Grégoire le Grand au diacre Felix, en l’an 604, dans lequel le pape était convaincu que l’endroit était bien le lieu du meurtre tragique de Saint Paul.
(D’après le site officiel de l’abbaye de Tre Fontane)
Les fouilles ont révélé la présence d’un édifice sacré remontant au 5e siècle, dédié à Saint Paul.
Une communauté cistercienne est installée sur le lieu depuis le 12e siècle.
Ci-dessous, l’abbatiale de Tre Fontane, près de l’église du martyre de St Paul.